Binance peut-elle survivre aux accusations de la SEC ?

Après avoir appris que la Securities and Exchange Commission (SEC) américaine poursuivait Binance, le directeur général de la plus grande bourse de crypto-monnaies du monde, Changpeng Zhao (alias CZ), a eu recours à une stratégie familière : le tweet. Le premier communiqué de CZ sur Twitter n'était que le chiffre "4". Pour les 8 millions d’abonnés de CZ, ce tweet était un message. Selon les propres termes de CZ, "4" signifie "ignorer le FUD, les fausses nouvelles, les attaques, etc.

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FUD est l'abréviation de "fear, uncertainty and doubt" (peur, incertitude et doute), un acronyme populaire sur la scène des crypto-monnaies. Il est révélateur que les attaques réglementaires contre les crypto-monnaies soient devenues si courantes que l'un des acteurs les plus influents de l'industrie puisse y répondre par cœur. En outre, le tweet de CZ suggère que la stratégie de l'entreprise vis-à-vis de la réglementation restera largement inchangée, même maintenant qu'elle est poursuivie en justice par deux des principaux organismes de surveillance financière des États-Unis.

Après l’annonce, Binance a réagi avec les mêmes arguments qu’habituellement : la SEC aurait tort tort de réglementer par l'application de la loi ; les fonds des clients sont et ont toujours été en sécurité ; et les tentatives précédentes de la bourse pour "se mettre en conformité" ont été contrecarrées par une SEC peu coopérative. Vous l’aurez compris, Binance a bien l’intention de se défendre vigoureusement.

Binance pourra-t-elle continuer ses activités et rester une entreprise viable ?

La plainte à l’encontre de Binance est loin d’être une plainte classique comme celles faites à propos des licences. Binance et CZ ont été accusées de mettre en danger les fonds des clients, de permettre, voire de faciliter, le wash trading sur Binance.US, de déplacer de manière inappropriée les fonds des clients sans leur consentement et d'un grand nombre d'autres problèmes. Les accusations portent non seulement sur la question de savoir si ses cotations sont des titres non enregistrés, mais aussi sur la question de savoir si la société a trompé ses clients sur la manière dont leurs fonds étaient déployés et si elle encourageait implicitement les citoyens américains à effectuer des transactions sur une plateforme non américaine à laquelle ils n'étaient pas censés avoir accès.

Une réputation de Binance déjà pas au beau fixe

Il faut savoir que la réputation de Binance n’était déjà pas au beau fixe avant cette annonce. Il y a deux mois, la Commodities Futures Trading Commission (CFTC) des États-Unis a intenté une action en justice contre la bourse pour autorisation inappropriée et offre de mauvais produits financiers aux consommateurs américains. Certains documents et conversations ont d’ailleurs fuité. Certaines experts se demandent sérieusement si Binance survivra en tant que marque. Binance fait actuellement l'objet de deux poursuites civiles, mais est également sous la pression du ministère américain de la justice (DOJ), qui pourrait lancer une enquête criminelle qui, si elle aboutit, pourrait potentiellement mettre un ou deux dirigeants de Binance derrière les barreaux.

Que se passera-t-il si la SEC gagne ?

Si la SEC gagne, elle pourrait imposer des amendes importantes à la bourse, désactiver ou réduire des éléments clés du fonctionnement de Binance, comme l'étiquetage de son jeton BNB interne et sa soumission à une surveillance stricte, et interdire définitivement à M. CZ d'exploiter sa bourse ou de diriger une société financière. Étant donné que la SEC affirme que Binance.US fait courir un risque important à 2,2 milliards de dollars de fonds de clients présumés basés aux États-Unis, ces fonds pourraient être dégorgés s'il s'avère qu'ils sont liés à des activités illicites.

Cependant, il ne faut pas voir les choses aussi négativement. Il est clair que , beaucoup d'argent a été retiré de Binance, mais, à ce stade, nous n’en sommes pas au stade de FTX, où l'argent n'était tout simplement pas là. Binance a publiquement nié avoir mélangé les dépôts des clients et les fonds de l'entreprise.

Binance pourrait finir par retirer les jetons de la cote, ce qui réduirait ses revenus, et elle pourrait perdre son fondateur/PDG en tant que figure de proue et voix de confiance de la bourse (même s'il resterait probablement actionnaire majoritaire). La bourse pourrait être contrainte d'instaurer des contrôles coûteux qui élimineraient également un certain nombre d'utilisateurs potentiels. Binance.US pourrait être condamné et les amendes combinées de la SEC et de la CFTC pourraient entraîner la faillite de l'entreprise.

Binance est aujourd'hui le souffre-douleur de la SEC, qui, dans son orgueil, a tenté d'amener une bourse sans siège social dans les limites de la loi américaine. Il se peut que la SEC oblige l'entreprise à respecter des lois qu'elle aurait toujours dû respecter.