17/03/2023
On l’appelle le « Big Flip » en anglais, et le « Grand Retournement » en français. Peu importe le nom que l’on choisit de lui donner, peu de personnes l’ont vu venir. Pourras-ton y échapper ? Va-t-on devoir acheter ou vendre certains actifs ?
Les périodes de crise et de volatilité sont souvent les meilleurs moments pour faire de bonnes affaires en bourse. L’année 2022 a connu beaucoup de retournements, nettement plus négatifs que positifs. En octobre dernier, presque tous les marchés avaient perdu un quart de leur valeur, pour la plus grande peine des investisseurs.
Ce mouvement baissier a débuté réellement en octobre 2021 et a duré presque plus d’un an, avec des causes diverses comme l’inflation, les changements dans les politiques monétaires américaines et européennes, la guerre, etc. Par contre, ce qui est surprenant, c’est qu’en octobre 2022, les marchés se sont renversés ! Voici trois exemples qui illustrent ce phénomène :
En Europe, on constate le même phénomène avec le CAC40. Nous nous attendions tous à passer un hiver difficile et couteux, mais la réaction des marchés a surpris tout le monde. La raison principale de cela : l’anticipation. En effet, les investisseurs ont anticipé la fin prochaine de la crise dès l’année dernière. L’économie a donc résisté !
Les taux directeurs sont passés de 0% à 4,5% aux Etats-Unis et de 0% à 3% en Europe. Les crédits presque gratuits, c’est donc fini ! Le but de cette décision était tout simplement de ralentir la consommation, et donc de freiner la demande pour faire baisser les prix qui s’étaient envolés à 8% aux Etats-Unis et à 10,4% en Europe l’année passée. Généralement, ce genre de décision a également un impact sur la Bourse. Mais alors, comment se fait-il que l’économie se porte si bien ?
Comme l’économie ne ralentit pas, on peut s’attendre à d’autres hausses des taux. Actuellement, aux Etats-Unis, les taux directeurs se situent entre 4,5 et 4,75%, mais ils pourraient monter jusqu’à 6% ! En Europe, c’est la même histoire. On s’attend également à des hausses des taux.
Selon les analystes de chez Goldman Sachs et Morgan Stanley, plusieurs voyants sont dans le rouge, et le fait qu’il y en ait plusieurs au même-moment n’est pas rassurant.
Selon cette hypothèse, les Etats-Unis ne pourront pas éviter une légère récession (excepté le secteur des services). Le PIB reculerait de 1%, les taux directeurs resteraient à 4,5% et l’inflation se stabiliserait entre 2 et 3% pour la fin de l’année 2023.
Beaucoup de personnes s’attendent à cette hypothèse. On envisagerait alors un retour de la croissant dans +1% en 2023, une inflation proche de 3%, un taux de chômage en hausse de 0,60% et des taux directeur à maximum 5%. C’est le scénario favori des banques et des investisseurs.
Retournement de tendances, pas seulement aux Etats-Unis.
Est-ce que ce que nous nous apprêtons à vivre ne s’est pas déjà produit dans le passé ? Selon certains analystes, des similitudes peuvent être trouvées avec les récessions des années 1975 et 1980 suite aux chocs pétroliers.
Imaginez que les taux directeurs américains atteignent les 20% comme en 1981. Ce scénario est très redouté par les banques et les actionnaires car c’est le plus risqué. Ce Scénario sous-entend des baisses de revenus, des défauts de paiement, des problèmes de trésorerie, etc. Pourtant, le scénario reste réaliste et il ne faut pas l’occulter. En 1981, les taux directeurs ont atteint les 20% aux Etats-Unis. L’économie américaine s’est donc fortement contractée, le taux de chômage avait atteint un record de 10%. Le dollar avait grimpé en flèche, perturbant les échanges internationaux. Pendant les 10 années qui suivirent, les taux américains sont restés élevés, et ce n’est qu’à partir des années 1990 que ce phénomène d’inflation s’est terminé.
Est-ce qu’on doit s’attendre à un phénomène similaire aujourd’hui ? Il est difficile de l’affirmer. Cependant, les origines de notre crise actuelle ne sont pas les mêmes que celles de l’époque. Il n’est donc pas très pertinent de comparer ces deux événements. Dans les années 1980, on avait connu un choc pétrolier. Aujourd’hui, plusieurs événements ont mené à cette situation : la crise énergétique, les excès de liquidités injectés par les gouvernements du monde pour le soutien durant la crise sanitaire et les pénuries liées aux ruptures d’approvisionnement (apparues bien avant la Guerre en Ukraine).